Placer son argent dans des actifs tangibles décorrélés de la Bourse, comme les groupements forestiers d’investissement (GFI), est intéressant pour diversifier son épargne. Une démarche qui offre des avantages fiscaux et successoraux.
Investir dans une ou plusieurs forêts, c’est possible et relativement facile. Nul besoin de devoir dépenser des centaines de milliers d’euros pour devenir propriétaire de parcelles. En effet, des fonds spécialisés dédiés démocratisent l’accès à ce type de placement.
Il existe ainsi des groupements forestiers d’investissement (GFI), calqués sur le modèle des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), au sein desquels vous pouvez acquérir des parts. Elles sont d’une valeur d’environ 200 euros chacune.
Les GFI exigent généralement d’en acquérir au moins cinq, soit un apport initial de 1.000 euros. Ce type de fonds doit systématiquement être agréé par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Les groupements forestiers d’investissement font donc l’objet d’un contrôle de la part du régulateur et sont tenus de fournir un document d’informations clés (DIC), permettant à l’épargnant de s’informer sur le fonctionnement, les risques et les coûts.
Constituant un véhicule d’investissement récent, ces fonds ont été créés à la demande d’acteurs tels que France Valley. Cette société de gestion, numéro un des groupements forestiers dans l’Hexagone, possède aujourd’hui 42.000 hectares et plus de trois cent cinquante forêts. Elle a lancé le premier GFI du marché, baptisé «France Valley Patrimoine», en 2019. «Le GFI a été prévu pour être un véritable produit d’épargne», explique Arnaud Filhol, directeur général de France Valley.
Décorrélé des marchés financiers
C’est un fonds non coté en Bourse, qui ne peut donc pas être souscrit via un compte titres. Pour acheter des parts, il faut s’adresser directement à la société de gestion ou à votre conseiller en gestion de patrimoine. Seule une poignée d’acteurs propose aujourd’hui des GFI. Outre France Valley, figurent notamment Vatel Capital, CœurForest (Sogenial Immobilier), Forecial (Fiducial Gérance), Amundi (Investissement Forestier) ainsi qu’EpicureAM.
Auparavant, seuls les groupements fonciers forestiers (GFF) existaient, limités à cent cinquante investisseurs. Non agréés par l’AMF, ils ne sont accessibles qu’à la demande de l’épargnant, alors que les GFI, non restreints, peuvent effectuer une offre publique de leurs parts.
«Le GFI permet d’envisager un fonds beaucoup plus important, ce qui atténue les coûts fixes», précise Matthieu Lambert, directeur général délégué de Vatel Capital. En outre, contrairement au GFF, la responsabilité de l’investisseur se limite uniquement à ses apports. Le groupement forestier d’investissement revêt plusieurs atouts.
Il représente un outil pour diversifier ses placements, tout en donnant du sens à son épargne. En effet, il offre la possibilité de s’exposer à un actif tangible – la forêt – par nature non polluant et décorrélé des marchés financiers. Mais les forêts peuvent être plus ou moins bien entretenues, selon la société de gestion. «Nous privilégions une sylviculture douce, sans grandes coupes rases, dans l’optique d’augmenter la capacité d’accueil de la biodiversité», assure Arnaud Filhol.
De son côté, Jean-Marie Souclier, président de Sogenial Immobilier, précise : «Nous favorisons le mélange de plusieurs essences, pour avoir des forêts plus résilientes.» Sur le plan des coûts, les sociétés de gestion prélèvent des frais, principalement pour financer l’entretien de la forêt, qui ne dépassent en général guère plus de 1 %.
Les frais de souscription des parts sont, eux, souvent bien plus conséquents et peuvent atteindre jusqu’à plus de 10 % du montant investi. Quant au rendement, les GFI présentent assez peu d’intérêt. Les dividendes sont très faibles, quand ils existent. «Si nous arrivons à distribuer 1 % par an, c’est déjà bien», confie Matthieu Lambert. Les revenus générés dépendent, entre autres, du niveau de maturité de la forêt et des programmes de coupe. Ils sont irréguliers et loin d’être automatiques.
Faible rendement, mais forte plus-value
L’intérêt financier à investir dans un groupement forestier est donc ailleurs. Sur le plan fiscal, ce placement offre, par exemple, une réduction d’impôt à la souscription. Celle-ci est accordée dès lors que le GFI reste en deçà de 15 millions d’euros de collecte.
Une fois ce montant dépassé, des sociétés de gestion créent de nouveaux fonds similaires pour que les nouveaux investisseurs puissent aussi profiter de la réduction. Il existe, par exemple, un GFI France Valley Forêts I, mais aussi II, III, IV…
Ces actifs présentent aussi un avantage dans le cadre d’une succession, puisqu’ils bénéficient d’une exonération de droits. Enfin, investir dans un groupement peut permettre d’obtenir une belle plus – value de cession de parts. «L’arbre pousse tout seul, donc il prend de la valeur», souligne Jean-Marie Souclier.
Et indique une appréciation moyenne de « 2 à 3 %» environ des parts du groupement CœurForest chaque année, comme Matthieu Lambert de Vatel Capital. A contrario, Arnaud Filhol de France Valley met en avant une revalorisation annuelle «de plus ou moins 5 % au cours des trois dernières années», liée, notamment, «à l’explosion du prix du bois énergie pour le chauffage, avec la guerre en Ukraine».
Par ailleurs, dans l’optique de décarboner le marché de la construction, les acteurs se tournent vers le bois. De quoi là aussi tirer les prix vers le haut du mètre cube et accroître la valeur d’une forêt.
Essences diverses et temps long
Comme les arbres mettent un certain temps à croître, le GFI doit obligatoirement s’envisager sur le long terme, au moins dix ans. La liquidité des parts de ce jeune produit d’épargne n’est en outre pas garantie.
En outre, les groupements forestiers sont exposés à divers risques – incendies, tempêtes – et maladies, contre lesquelles ils ne peuvent pas s’assurer. C’est pourquoi il est important d’investir dans des GFI comprenant plusieurs forêts, situées dans des lieux géographiques variés, composées d’essences d’arbres et de maturités différentes.
Le GFI offre trois grands avantages fiscaux
Une réduction d’impôt s’élevant à 18 % du montant investi
Tout d’abord, investir dans un groupement forestier permet de bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu atteignant 18 % du montant investi, dans la limite d’une souscription de 50.000 euros pour un célibataire et de 100.000 euros pour un couple soumis à une imposition commune. Cette réduction peut donc s’élever à 9.000 euros pour un célibataire et 18.000 euros pour un couple.
Soumise au plafonnement des niches fiscales à 10.000 euros par an, elle peut s’étaler dans le temps jusqu’à la cinquième année suivant celle de la souscription des parts. Pour en bénéficier, l’investisseur doit simplement s’engager à conserver pendant au moins cinq ans son placement.
Une non-imposition à l’impôt sur la fortune immobilière
Autre avantage, les parts de GFI ne sont pas assujetties à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), dès lors que vous possédez moins de 10 % de l’ensemble du capital du groupement, ainsi que moins de 10 % des droits de vote.
Une exonération à 75 % lors d’une succession
Enfin, les GFI sont un investissement intéressant dans la perspective d’une succession. Ils bénéficient d’un abattement de 75 % sur les droits de transmission ou de donation, sans limite de montant.
Aussi, pour réduire les droits dus par ses héritiers, placer une partie de son argent dans un GFI apparaît donc plus judicieux que d’investir dans un bien immobilier.
Plus précisément, cet abattement s’applique sur la valeur des forêts françaises détenues par le groupement, ce qui exclut la trésorerie et correspond donc à la quote-part effectivement investie en forêt. Pour pouvoir en profiter, le GFI doit s’engager à gérer durablement ses bois, sur une durée de trente ans.
Zoom sur trois groupements forestiers d’investissement (GFI)
GFI FRANCE VALLEY FORÊTS
Société de gestion : France Valley
Date de création : février 2023
Montant minimum de souscription : 1.000 euros (5 parts)
Frais de souscription : 12 % TTC
Frais de gestion annuels : 0,9 % TTC
Principal acteur du secteur, France Valley est spécialisé dans les vignobles, mais aussi les forêts, réparties dans huit régions du pays et situées notamment dans le centre et l’est de l’Hexagone. Ses très nombreux bois sont composés à plus de 61 % de feuillus, réputés plus résistants que les résineux. France Valley, dont le GFI est labellisé Greenfin, précise travailler en coordination avec les exploitants forestiers, afin d’opter pour des choix d’essences capables de s’adapter au réchauffement climatique.
GFI COEURFOREST
Société de gestion : Sogenial Immobilier
Date de création : septembre 2022
Montant minimum de souscription : 1.000 euros (5 parts)
Frais de souscription : 12 % TTC
Frais de gestion annuels : 0,9 % TTC
Le GFI CoeurForest, labellisé Greenfin, est doté d’un conseil scientifique, comprenant la présidente du Centre national de la propriété forestière, Anne-Marie Bareau, ainsi que trois experts en biologie, en finance verte et en transition énergétique. Il possède seulement cinq forêts, d’une trentaine d’hectares en général, en dehors de la forêt des Peyrous, située dans l’Ariège, qui atteint 142 hectares. Ses bois, répartis en divers endroits de France (Essonne, Allier, Hérault…), comprennent des feuillus et des résineux.
GFI VATEL
Société de gestion : Vatel Capital
Date de création : septembre 2022
Montant minimum de souscription : 1.000 euros (5 parts)
Frais de souscription : 6 % TTC
Frais de gestion annuels : 1,2 % TTC
Ce qui distingue le GFI Vatel, ce sont ses frais de souscription relativement faibles, Il est composé d’une dizaine de massifs forestiers. Ses bois se trouvent en Auvergne et dans la moitié nord de la France, dans le Centre-Val de Loire, en Bourgogne, en Lorraine, en Île-de-France et en Bretagne. Un ancien expert de l’Office national des forêts (ONF) est notamment chargé de leur gestion. Vatel Capital propose, par ailleurs, d’autres types d’actifs, comme d’investir dans des PME via un fonds commun de placement dans l’innovation (FCPI).
source : lerevenu.com
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