Retraite à l’étranger : tout savoir avant de plier bagage
- Stéphanie Daudon

- 1 sept.
- 4 min de lecture
Quitter la France pour vivre sa retraite au soleil ou améliorer son pouvoir d’achat ? Chaque année, des milliers de retraités sautent le pas. Mais s’expatrier ne s’improvise pas : pensions, fiscalité, formalités... La check-list est longue.

«On vit mieux ici avec 2.000 euros qu’à Lyon avec 3.000.» Jean, 67 ans, a posé ses valises à Alicante dès sa retraite.
Soleil, rythme paisible, vie moins chère : il raconte sur le forum expat.com une qualité de vie «inaccessible en France ».
Comme lui, plus de 1,2 million de retraités français ont choisi de vivre à l’étranger, selon la Caisse nationale d’assurance vieillesse. Souvent, ils repartent vers leur pays d’origine.
Quand c’est pour vivre ailleurs, ce choix est surtout guidé par le climat et le budget.
«Sur la Costa Blanca, la douceur de vivre séduit, la sécurité rassure, et les courses et restaurants y sont 40 à 50% moins élevés qu’en France», note Aleksey Vidal, fondatrice du site Internet retraiteenespagne.com qui accompagne les retraités dans leur recherche immobilière et leur installation dans la région d’Alicante.
Pour les plus aisés, la fiscalité peut aussi faire pencher la balance. Les conventions fiscales entre la France et environ cent vingt pays déterminent qui impose vos revenus.
Parfois c’est la France, parfois le pays d’accueil, parfois les deux ! Des mécanismes évitent la double imposition, mais il faut bien s’informer.
Certaines destinations offrent des régimes avantageux, mais souvent temporaires, soumis à conditions… et parfois sources de déconvenues.
Le Portugal a mis fin au sien en 2024. En Grèce, le taux de 7% reste incertain. En Italie, la «flat tax» a entraîné des redressements fiscaux sévères.
Un projet à ne pas improviser
Premier conseil : partez en repérage en été et en hiver. «Des villes se vident hors saison, d’autres deviennent invivables en été», selon Aleksey Vidal.
Vivez comme un local : testez les transports, le médecin, le marché…
Prévoyez un budget réaliste. Dans certains cas, le coût de la vie est très bas, mais attention aux frais cachés : assurance santé, billets d’avion pour revoir vos proches, frais d’avocat, assez indispensables.
Anticipez les démarches : traductions officielles, visas, conditions d’achat immobilier, voire formalités pour les animaux de compagnie (certains pays les taxent !).
Tout cela peut vite devenir un cassetête administratif. Enfin, gardez un ancrage en France : une adresse chez un proche et si possible un compte bancaire.
«Pour les expatriés, retraités ou non, banques et les impôts français sont de plus en plus exigeants sur les justificatifs», avertit Samba Gandega, associé du cabinet Richelieu International basé à Shanghai, spécialiste des expatriés.
Une fois installé, tout n’est pas simple
Pas d’inquiétude : vous pouvez toucher votre retraite française, publique ou privée, partout dans le monde, à condition d’envoyer chaque année un certificat de vie à votre caisse.
Cette formalité peut se faire en ligne, sur Info-retraite.fr, avec reconnaissance faciale.
Pour le patrimoine, c’est plus complexe. Certains placements français ne sont plus accessibles, d’autres ont un intérêt fiscal limité.
Attendez-vous à tout : «la spécificité de l’assurance vie n’étant pas reconnue partout, certaines fiscalités locales peuvent même taxer les plus-values latentes», souligne Samba Gandega.
Mieux vaut se faire accompagner. Hors Europe, pensez au visa.
Certains pays, comme la Chine, refusent tout titre de séjour permanent aux retraités sans attache familiale ou économique !
D’autres, comme la Thaïlande, le Maroc ou l’île Maurice proposent un «visa senior» sous conditions : interdit de travailler, montants de revenus ou d’épargne minimum, etc.
Côté fiscal, si vous passez plus de cent quatre-vingt-trois jours par an à l’étranger sans attache économique en France, vous devenez non résident.
Vous serez alors imposé selon les conventions fiscales entre la France et votre pays d’accueil. Sans accord, gare à la double imposition !
Chaque année, quelle que soit la situation, vous devez déclarer vos revenus français via le formulaire 2042-NR, au Service des impôts des non-résidents.
Le logement également peut réserver des surprises.
Une villa au soleil pour le prix d’un trois-pièces à Paris ? Tentant.
Toutefois dans certains pays, les étrangers ne peuvent pas acheter de terrain, seulement des biens en copropriété.
Les frais d’achat sont certes souvent moins élevés que dans l’Hexagone, mais d’autres coûts peuvent surgir, comme les taxes locales, les frais administratifs…
Là encore, un avocat local est très vivement conseillé.
Quelle couverture santé ?
À la retraite, la santé est un poste clé.
Dans l’Union européenne, si vous êtes affilié à la sécurité sociale du pays, vous avez droit aux soins sur place et en France durant vos séjours.
Hors Union européenne, une cotisation d’assurance maladie de 3,2% est prélevée sur votre retraite de base : c’est une contribution obligatoire qui ne donne aucun droit.
Mais à condition d’avoir cotisé au moins quinze ans en France, vous pourrez toujours vous faire soigner lors d’un retour temporaire. Pour être couvert en continu, deux options.
La Caisse des Français de l’étranger (CFE), l’équivalent de la Sécurité sociale : en 2025, elle coûte 3 120 euros pour un assuré de 65 ans, à compléter par une mutuelle internationale. Ou bien une assurance privée dans le pays d’accueil. Dans tous les cas, cela pèse lourd dans le budget. Dernier point, à ne pas négliger : la succession.
Pour éviter les mauvaises surprises, mieux vaut rédiger un testament conforme aux législations française et locale. Enfin, gardez une porte de sortie.
«La moitié des retraités que je côtoie repartent au bout de trois ans», écrit Max, 72 ans, installé en Malaisie.
À un âge avancé, l’envie de revenir près de sa famille et de profiter du système de santé français l’emporte souvent.
Mieux vaut y penser dès le départ.





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